« Une demi-heure de méditation est essentielle sauf quand on est très occupé. Alors une heure est nécessaire. » (Saint François de Sales)

Le 2 avril 2020, J16 du confinement

Le passage au télétravail a montré que nous étions capables de fonctionner collectivement à distance, de façon plutôt efficace, pour faire face aux urgences opérationnelles et ainsi éviter un effondrement de l’activité. C’est particulièrement vrai dans le secteur des services et pour les fonctions supports des entreprises des secteurs primaire et secondaire.

Durant les deux dernières semaines, chacun a fait de son mieux. Les employeurs organisant rapidement des moyens d’accès au SI, les salariés aménageant chez eux un espace dédié au travail, et mobilisant occasionnellement leurs propres moyens de télécommunications (connexion internet, tablettes et téléphones portables personnels) pour travailler. Une belle créativité et une réelle agilité se sont manifestées, et on ne peut que s’en réjouir.

Mais beaucoup de managers témoignent d’un facteur humain, bien humain, qu’il va falloir prendre en compte dans la durée de ce confinement, et qui sera crucial pour l’après : la prise en compte de la fatigue (physique et psychique).

La sollicitation continue de tous par tous, via les systèmes d’audio et de vidéo-conférences, tout au long de la journée peut en effet conduire à une attention épuisante. Pourquoi ?

  • Champ visuel plus restreint qui sollicite le regard d’une façon différente et plus intense (versus le regard panoramique habituel),
  • Besoin de mettre en œuvre une écoute et une patience plus soutenues pour rester attentif à une succession de discours prononcés par des personnes avec lesquelles on n’est pas en présence,
  • Usure liée aux micro-dysfonctionnements qui entachent régulièrement les communications (micro coupures du son ou de l’image, désynchronisation du son et de l’image, …),
  • Sans parler des sources de fatigue liées au confinement lui-même (sensation d’enfermement, angoisse liée à la maladie, manque d’exercice en plein air, angoisse liée à la maladie, excès de solitude ou tensions entre les membres du foyer, angoisse liée à la maladie, prise en charge des taches ménagères, gestion de la classe des enfants, angoisse liée à la maladie…°)

Comment prendre en compte cette fatigue et la gérer de façon préventive afin d’éviter que de nombreux salariés ne craquent dans les prochains jours ?

La réponse semble simple mais elle est contre-intuitive : plus on est sous pression, pris par des échéances et moins on a de temps, plus il faut s’accorder de pauses !

Il est donc important, voire essentiel que les managers organisent le temps de travail mais aussi les temps de suspension du travail (pour eux-mêmes et pour leurs collaborateurs) pendant le confinement. C’est une façon de ne pas céder au chant des sirènes du « On ne peut pas se permettre de faire des pauses car on a trop de travail. »

En effet, ce qui sera crucial, dans cette période chaotique, c’est la qualité du travail effectué tout autant que sa quantité. Et les pauses sont essentielles pour permettre à la « force de travail » de se reconstituer.

Alors, tout simplement, favorisez pour vous-mêmes et vos équipiers, les règles suivantes :

  • Limitez les temps d’audio ou vidéo-conférence à 1h30 en continu,
  • N’enchainez pas les réunions ; ménagez un temps de sas entre deux réunions successives,
  • Faites des breaks de 10 à 15 minutes au moins toutes les deux heures,
  • Réservez-vous au moins une heure par jour de travail hors écran et en solo,
  • Prenez le temps de déjeuner,
  • Evitez d’effectuer plusieurs taches en même temps,
  • Ne travaillez pas tard le soir.

Votre productivité n’en souffrira pas ; bien au contraire !