MINUIT (extrait du poème de Louise Glück)

Enfin la nuit m’enveloppait ;
Je flottais dessus, peut-être dedans,
ou elle me portait comme une rivière porte
un bateau, et en même temps
elle tourbillonnait au-dessus de moi,
parsemée d’étoiles mais néanmoins obscure.


C’était pour des moments comme celui-là que je vivais.
Je sentais que j’étais mystérieusement soulevée au-dessus du monde
de telle sorte que l’action était enfin impossible
ce qui rendait la pensée non seulement possible mais sans limites.


Cela n’avait pas de fin. Je sentais que je n’avais pas
besoin de faire quoi que ce soit. Tout
serait fait pour moi, ou me serait fait,
et si ce n’était pas fait, c’est que ce n’était pas
essentiel.

(…)